Titre original | Filiation, parricide et psychose à l’adolescence, les liens du sang |
Date de parution | 1999 |
Dépôt légal | 2000 |
Langue originale | français |
Réalisation | Alain Casanova |
Production(s) | Starfilm International et Le Carnet Psy |
Auteur(s) | François Marty |
Support | DVD |
Durée | 27mn |
François Marty : Filiation, parricide et psychose à l’adolescence, les liens du sang

Descriptif
François Marty : Filiation, parricide et psychose à l’adolescence, les liens du sang, Éd.ÉRÈS, 1999
Quatrième de couverture
La réflexion de François Marty porte sur les formes de psychoses à l'adolescence où se disent certains aspects de la problématique familiale. Partant de l'analyse du mémoire de Pierre Rivière — adolescent du siècle dernier ayant égorgé sa mère, sa sœur, et son frère — que l'auteur considère comme le témoignage d'une expérience intérieure de la psychose à l'adolescence, il met en évidence les nombreux liens qui peuvent exister entre symptômes d'enfants et problématique parentale et les impasses pubertaires où se tient un adolescent qui vit dans le champ clos de l'enfermement psychotique. Sont ainsi analysés les processus sous-jacents qui organisent le repli psychotique pubertaire et le renfermement de l'espace individuel et familial, qui peuvent pousser l'adolescent au passage à l'acte meurtrier ou suicidaire.
L'auteur insiste sur la capacité transformationnelle propre à l'adolescence. S'appuyant sur des exemples cliniques, il montre que la rupture avec la réalité n'est vraisemblablement jamais totale, et que le thérapeute peut utiliser ces éléments positifs de la psychose à l'adolescence pour faire avec les patients psychotiques et leur famille un bout de voyage au cœur de leur nuit.
François Marty est psychologue et psychanalyste, professeur des Universités. Il enseigne la psychologie clinique et la psychopathologie à l'université de Rouen. Il est membre du laboratoire de psychopathologie fondamentale et psychanalyse de l'université Paris 7 Denis Diderot.
Notes de lectures par Annie Birraux
Le travail de François Marty est une contribution féconde à la question de 1a psychose pubertaire. Filiation, Parricide et Psychose à l'adolescence restitue au lecteur l'expérience d'un clinicien confronté à l'énigme de ces effondrements psychiques de la puberté, et soucieux de formater celle-là tant au plan théorique que thérapeutique.
Il n'y a pas de théorie univoque de la psychose. Si la psychanalyse en, a proposé quelques modèles et montré, contrairement à la médecine psychopathologique ou à la psychiatrie, la mobilisation possible des structures psychiques en panne de symbolisation, en impasse d'altérité, elle n'a jamais tu les limites de ses ressources thérapeutiques face à de tels patients, qui « pour sortir (quelquefois) de la nuit » n'en restent pas moins souvent dans le crépuscule. L'énigme de la psychose est celle de l'impasse de la structuration du sujet : Les travaux de l'école kleinienne nous ont, sur ce point, fourni des repères psychogénétiques. Ils ne sont cependant pas suffisants pour comprendre et briser l'enfermement psychotique, L'auteur ici, certes, ne néglige pas le monde, fantasmatique du patient et ses fixations, mais il tente de saisir le déterminisme de sa constitution. Quelles souffrances enfouies ou encore actives amènent l'être humain à se couper du monde, à refuser le partage de ses symboles et de sa langue ? S'agirait-il d'un choix propre ou d'un destin assigné dans lequel la subjectivation serait inexorablement barrée ?
La thèse de François Marty tient en un point : La psychose implique les parents,.
« Je suis parvenu » dit l'auteur, dès les premières lignes, « à l'idée que les symptômes des adolescents, et des enfants qu'ils ont été, s'enracinent dans la problématique parentale ». Mais nous ne sommes pas ici dans la responsabilisation bipartite et souvent sauvage qui oppose la mère phallique au père absent. La problématique parentale, c'est l'héritage œdipien qu'ils transmettent à leur insu à leur progéniture. Et l'œdipe n'est jamais que l'intériorisation de la loi, d'une loi qui est signifiée, incarnée pour l'enfant dans la parole du Père, sauf à avoir été contournée par les parents eux-mêmes. Certes, c'est bien du Père forclos qu'il s'agit lorsque la loi n'est pas dite, mais cette configuration in abstentia n'a souvent pas grand chose à voir avec la réalité paternelle externe, mais bien plus avec les histoires singulières de chacun des parents et la manière dont celles-ci se tissent ensemble. Le monde des fantasmes parentaux et de leur mise en sens dans la relation qu'ils instaurent avec l'enfant est concerné. En ce sens, l’enfant qui souffre psychiquement est toujours symptôme d'une maladie œdipienne parentale et l'on pourrait dire que la psychose est une issue sacrificielle de la filiation.
Pierre Rivière vient rendre compte (entre autres exemples) d'une telle histoire et de la violence qu'elle porte en elle, qu'elle soit agie contre l'autre (matricide ou parricide) ou contre soi (suicide) ou seulement parlée. Ce n'est que dans la violence que le psychotique peut tenter d'échapper à son destin : Le matricide en est la figure radicale, mais il nous semble pouvoir souligner que cette haine pour l'objet maternel est déjà à l'œuvre dans la désarticulation de la langue (calabene ou magnation : cf. le texte) sur laquelle l'auteur marque souvent la pause.
Les deux derniers chapitres traitent de la prise en charge des adolescents psychotiques. Mettre en liens plutôt qu'interpréter, dit l'auteur, qui insiste sur la non-différenciation chez l'adolescent psychotique, du moi et du non-moi (non différenciation qui nous renvoie aux origines infantiles de 1a psychose pubertaire) et sur la confusion qui en résulte entre monde interne et réalité externe, mais mettre en liens aussi pour les parents. Il ne s'agira pas d'une aventure solitaire mais d'un véritable travail à partir duquel pourront se réhabiliter les capacités transformationnelles de l'adolescence : l'un des patients doutera de plus en plus de ses hallucinations, l'autre atténuera progressivement son déni de réalité ci laissera émerger le doute.
François Marty a réalisé là un livre comme on les aime : le thème est d'actualité et d'intérêt, la pensée est riche mais s'exprime simplement; le jargon ou les digressions ne sont pas de mise. La sensibilité du clinicien est à fleur de phrase. Assurément il faut le lire.